Vu à l’étranger Latraps : la bonne formule pour minimiser les risques
Après la période soviétique, les pays baltes se sont organisés pour participer à la mondialisation. La coopérative Latraps, en Lettonie, montre comment ils sont devenus des acteurs récurrents sur les marchés céréaliers notamment.
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«En 2000, 12 agriculteurs de la région de Zemgale ont créé les fondamentaux de la coopérative Latraps qui regroupe plus de 1 000 producteurs aujourd’hui. Face à un développement exponentiel du marché des céréales, il a fallu organiser la collecte, le stockage, la logistique et l’exportation via les ports de la Baltique, relate Edgars Ruža, président du conseil d’administration. C’est avec fierté que nous fêtons nos vingt ans. » Et de poursuivre : « L’intérêt est avant tout le service à l’adhérent. Deux fois par an, nous ouvrons le capital à de nouveaux agriculteurs pour un droit d’entrée fixe de 355 €. Si un adhérent ne fait pas d’affaires avec nous pendant trois ans, il est exclu, et nous lui remboursons sa participation. »
Premier collecteur du pays
Latraps est le premier collecteur et exportateur du pays avec une capacité d’1 Mt de collecte dans ses 12 silos, dont 3 construits en 2019. Quatre-vingt-dix pour cent de la production est exportée vers 35 destinations différentes. Outre la collecte, la coopérative est devenue l’une des principales concessions de matériels agricoles du pays, avec un service après-vente très développé. L’activité appro a naturellement suivi avec un service technique de pointe et une logistique réactive pour livrer. « La concurrence existe, elle vient essentiellement de l’extérieur comme les négoces suédois, danois, lituaniens et quelques traders dans les ports de la Baltique », précise Martins Dauksts, directeur commercial. Depuis 2012, Latraps propose aux agriculteurs, adhérents ou non, d’acheter du carburant à taux réduit, et possède quelques stations-service. « Actuellement, nous avons trois transporteurs de carburant certifiés. Les pays d’origine du carburant sont la Lituanie et la Biélorussie. » En complément, la coopérative vend des équipements de stockage de carburant de 1 000 à 30 000 l.
Il fallait des débouchés, Latraps est devenue producteur d’huile de colza et de dérivés en aliments du bétail. Un tourteau de colza de haute qualité que la coop exporte aussi en Lituanie, Estonie, Finlande et Suède. Dans la même logique, elle a inauguré début 2014 une malterie à Stalgen d’une capacité de 3 000 t de malt par an avec la possibilité de doubler facilement. « Avant de proposer la production d’orge à nos adhérents, nous avons contacté les brasseurs qui ont été très positifs. Notre service technique a travaillé avec eux pour assurer la qualité indispensable à la fabrication d’un malt de qualité supérieure et de façon pérenne, explique Edgars Ruža. Nous fabriquons principalement un malt léger, qui est la base de la production de tous les types de bière. La production de malt de type viennois et munichois a également commencé plus récemment. Notre produit a une valeur ajoutée plus élevée car il met l’accent sur l’origine locale qui lui apporte des caractéristiques gustatives spécifiques. »
« Ce qui nous limite, ce n’est pas la volonté ou le succès, ce sont les hectares et le climat. En vingt ans, nous avons globalement réussi le pari de la performance et de l’efficience, se félicite le président. La ferme moyenne est de 339 ha, 10 t/ha de rendement de blé avec un minimum de 12 et souvent de 14 % de protéines. » Martins Dauksts ajoute : « Nous sommes habitués à vivre avec la conviction que les risques sur nos récoltes sont importants et qu’il faut les rendre les plus faibles possible. L’intensité des évènements climatiques extrêmes s’est accrue et va se multiplier dans le futur. »
Les assurances, un axe majeur
Les assurances sont ainsi devenues la norme. La coop a prospecté pour trouver la meilleure formule à proposer à ses adhérents. La société allemande Vereinigte Hagel, première coopérative d’assurance mutuelle sur le marché européen, offrait les meilleures conditions pour l’assurance semis. « En 2012, nous avons facilité son implantation dans les pays baltes et conclu un accord avec eux pour être leur représentant sur la Lettonie. Dès l’année suivante, nous avons élargi l’offre à tout type d’assurances agricoles », note Martins Dauksts. Des relations basées sur le long terme, dont la coop n’a qu’à se féliciter. C’est ainsi que les adhérents, mais aussi tous les agriculteurs lettons, ont accès à l’assurance multirisque connue dans toute l’Europe, Secufarm, qui couvre les risques de grêle, tempêtes, précipitations et d’hivernage défavorable. Depuis l’été 2019, l’accès au service a été facilité avec la création d’un portail. Cette année-là avait été exceptionnelle avec une baisse de la collecte de plus de 35 % à cause de la grêle et de la sécheresse. Les agriculteurs ont reçu l’équivalent de 50 % de leur CA annuel traditionnel grâce aux assurances. 2020 sera aussi une année à part, mais pour bien d’autres raisons. La période du coronavirus et l’évolution de la météo ont fait que les agriculteurs ont pu souscrire des assurances récolte jusqu’au 15 juin. Afin d’aider les agriculteurs, 5 M€ ont été alloués par l’État pendant la crise du Covid-19, en plus des 5 M€ de financement européen existants.
Christophe Dequidt
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